Une histoire Rose, 30 km plus tard.

Une histoire présentée par Véronique Pageau, Rose 2016.

25 septembre 2016, 5h10 am.

Mon réveil sonne, la maison est bien silencieuse. Mes filles ont fait « dodo » chez leur tante Caro. Mon mari est parti pour la chasse. Je suis donc seule avec moi-même pour finaliser mes préparatifs avant d’affronter le plus gros défi de course que je me suis lancée depuis que je cours, soit ma 3e année. 5H27 je prends le temps de publier un statut Facebook, et réalise qu’il me reste que quelques heures.

5h36 une conversation ouverte depuis le début des Roses avec 3 nouvelles amies cyclistes (Mélany, Valérie et Lili) qui ont affronté le défi du parc la veille débute la journée avec moi. On veut être certaine que personne n’oublie rien.

6h10 on prend la route vers Le parc de la Mauricie. Je suis surprise de ne pas ressentir de stress, je suis prête. Je m’entraîne depuis plus de 9 mois pour réaliser ce défi. Même si rien n’a été facile et sûrement ma pire saison d’entrainement, je suis prête.

Sur place, on essaie de se réchauffer le mieux qu’on peut sous la tente près d’une bouche d’aération chaude. On attend de se rendre à la ligne de départ pour prendre la fameuse photo officielle. Il est 8h20. On nous place, les coureuses devant et les cyclistes derrière. On nous remet à toute une rose, gracieuseté de Rythme FM, avec l’inscription

« Il était une histoire, votre histoire. Il était un dépassement, le vôtre. Il était une réussite, une victoire. »

À la lecture de ce texte, ma petite voix se demande pourquoi je suis là !! Pourquoi courir 30 km dans le bois, quand j’ai eu peine à faire 10 km la semaine d’avant. Pourquoi je m’embarque toujours dans des affaires folles de même. C’est l’orgueil ! C’est le défi !! Parce que mon père m’a toujours dit pas capable, c’est mort. Je décide donc de dire à ma petite voix « TA YEULE » comme on nous a si bien appris dans les ROSES. On prend quelques clichés de groupe et ensuite on demande aux cyclistes de se retirer pour faire la photo des Roses 30 km. OUF !!! Nous ne sommes pas beaucoup. C’est à ce moment précis en regardant tout le monde que j’angoisse, mais comme je n’ai aucune graine de compétition, je me dis je finirai bonne dernière !!!!

Il est près de 8h30, nous devons commencer notre échauffement avec Maxime à 8h45. Le temps de se rendre à la voiture retirer mon manteau, mon chandail et je cours joindre notre petit groupe. 9h00 on est sur la ligne de départ. On prend une dernière photo ma mentore Marie et moi. Je prends les messages reçus et absorbe toute l’énergie qui s’en découle. Je pense à Annick qui court déjà sur son premier marathon. Je me dis, wow 42 km. Méchante malade. J’inspire et je me dis que je l’accompagnerai mentalement durant 30 km. C’est une machine, elle est capable. On lance le départ du 40 km Vélo de montagne. On s’agite il reste 10 minutes avant notre départ.

On sautille sur place, j’ai les fourmis dans les jambes. Du coin de l’œil, je vois Mélany, Valérie et Lili qui ont réalisé le 105 km à vélo la veille et qui sont là pour m’encourager !!! Un sourire et le décompte des 10 dernières secondes retentissent !!!

C’est parti !!!!!

Après 2 km, je suis déjà obligée de mettre ma musique afin de faire abstraction des autres autour. Je dois trouver mon rythme. Je m’étais fixé un pace de 7 :30 /KM afin de réaliser le tout en 3H45. J’en suis à 6 :12, je suis confortable. On commence les côtes doucement pour se rendre au Lac Isaïe. Je dois descendre mon rythme, car je sais que les côtes augmenteront en fréquence et aussi en dénivelé positif.   Il y a aussi la côte pour monter au Wabenaki qui se situe environ au 10e km.

Rendu au point de ravitaillement du 10,5 km, je prends le temps d’arrêter. Je prends du fromage, du sirop d’érable et du gatorade. J’échange quelques phrases avec les guides et une coureuse qui est aussi arrêtée. Je mentionne que c’est ici la FAMEUSE côte et les deux bénévoles s’empressent de me dire que non ce n’est pas si pire, ils sont montés en VTT tout à l’heure. Je repars et en discutant avec la coureuse qui m’explique que son conjoint arrive de faire le Harricana la semaine d’avant soit 65 km en montagne. Et nous travaillons fort pour la côte, j’abandonne en me disant tabarouette ils ne savent pas c’est quoi une côte. Je grimpe à la marche, mais je marche d’un pas rapide. Je suis fâchée et je commence déjà à me traiter de tarte !!! Je dégourdis ma jambe qui me fait souffrir depuis le début de la saison.   En haut de la côte, j’aperçois le 14e KM. Il reste une boucle de 4 km pour faire volte-face et retourner à la ligne d’arrivée. Point de ravitaillement je suis plus capable du sirop d’érable et du gatorade à l’orange. Je prends donc une poignée de bretzels et une banane. (beau mixte !!!) Au bout, j’atteins le chalet Marie et j’y vois Marie ma mentore, avec une autre coureuse. Quelle joie !!! On fait volte-face ensemble. Nous franchissons le 21e km après 2h32. Je suis heureuse. Je réalise que même en marchant dans les côtes je suis dans les mêmes temps que mon demi-marathon de l’automne dernier complété en 2h24.

Je dévale les grosses côtes, j’adore descendre. Il reste 9 km se sera la fin. Au 24e km j’arrête au point de ravitaillement, avec Marie et nous attendons l’autre coureuse qui doit faire une pause toilette. OUTCH !! J’ai un nerf sur le côté du genou gauche qui sautille et qui me fait souffrir. Je prends la décision de repartir et de m’arrêter le moins possible. Je me soignerai à l’arrivée. Ce fut les 5 derniers kilomètres les plus interminables. Je ne sens plus mes orteils, je me surprends même à me demander si elles sont toujours là. Il reste au moins 2 côtes. Malheur, je commence à croiser des Roses qui sont à notre rencontre pour nous encourager sur les derniers kilomètres. Je me retrouve au pied la côte, je suis incapable de courir. J’attends crier et applaudir, tout le monde encourage. Moi !! je me dit : « JE ne suis pas capable de la monter en courant, je CAPOTE !!! » On vient à ma rencontre et on me dit lâche pas tu es fantastique ton défi au bout à ta façon. J’ai un boost, elles ont bien raison. Je grimpe le reste de la côte en courant. Il me reste 2 km !!!!

De 28 à 30 km, je commence à me répéter mon mantra : Tu n’as pas mal, tu n’as pas mal !! Vas-y. Je pense à ma famille, mon chum qui croit en moi depuis le début, mes filles qui ont hâte de me voir revenir. Je pense à toutes les files du groupe un pied après l’autre, mon amie Céline qui me supporte toujours autant, mais la voix qui est plus forte c’est celle de notre marathonienne, ma chère Annick qui me crie à tue-tête : ENWAILLE il reste 300 Mètres, tu donnes tout ce que tu as.

Je l’aime moins cette fois-ci !!!   Mes jambes ne savent plus la hauteur qu’elles doivent lever pour éviter de s’enfarger dans le tapis du chrono.   Je franchis la ligne d’arrivée. On m’attrape au vol et on me demande de me retourner pour prendre ma photo. J’ai Mélany, Valérie et Lili qui m’attendent les yeux remplis d’eau.

Sentiment de fierté !! J’adore courir !

Prochain défi !??

Véronique Pageau

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